Amin MAALOUF / Les désorientés***
Adam a quitté son pays dans les années 70, au moment ou il entre en guerre. Ce pays , il ne le nomme pas. Il vit à Paris où il enseigne. Un jour, il reçoit l'appel de Tania, la femme de son ancien ami resté au pays. Mourad est mourrant et veut revoir Adam. Malgré ses réticences, Adam se décide alors à répondre à sa demande mais arrive trop tard. Mourad vient de mourir et Tania propose alors à Adam de réunir dans les semaines qui suivent tous leurs anciens amis.
Certains ont fait comme Adam, ils sont partis s'exiler au Brésil ou aux Etats-Unis. L'un d'entre eux est mort. Ceux et celles qui sont restés au pays, ont choisi des chemins des plus différents, voire opposés .
Ces amis se sont connus à l'universié. Ils sont juifs, chrétiens ou musulmans et partagent les mêmes idéaux même s'ils sont de confession différente.
Adam décide de répondre à la demande de Tania, prolonge son séjour et entreprend alors de contacter ses amis perdus de vue. En renouant le contact, Adam se souvient, rassemble ses souvenirs sur un calepin, relate les évènements qui ont marqué cette amitié, accepte la confrontation avec ce passé , avec ses douleurs et ses amis pour découvrir comment ils se sont arrangés avec leurs idéaux. La guerre est passée par là dans cette partie du monde où leur idéal de coexistence entre toutes les communautés est bafoué, où la pensée ne s'embarasse plus de nuance.
" Nous sommes à l'âge de la mauvaise foi et des camps retranchés,[ ...] où l'on n'a plus le choix qu'entre la haine de l'autre et la haine de soi"." dit l'un d'entre eux. Qu'adviendra-t-il de ces retrouvailles vingt- cinq après ?
Amin Maalouf nous livre une profonde réflexion sur le thème de la fidélité et de la trahison, les deux s'entremêlant dans des paradoxes étranges. En restant fidèle à son pays, ne risque -t-on pas de trahir ces idéaux? En restant fidèle à ses idéaux, ne risque-t-on pas de trahir son pays? A qui rester loyal sans trahir et devenir méprisable?
En nous faisant partager son observation du monde, Amin Maalouf nous laisse avec une question sans réponse : mais qui sont vraiment les désorientés?