Jean-Christophe DUCHON-DORIS/ La mort s’habille en crinoline
Invitée pour la première fois au bal de Napoléon III donné aux Tuileries le 29 Janvier 1856, Madame de Castiglione, comtesse italienne d’une beauté hors du commun, veut éblouir l’Empereur, son avenir semble en dépendre. Pour cela, elle qui d’ordinaire, par ses caprices, bouscule la mode parisienne, n’hésite pas à passer commande d’une robe extraordinaire qu’elle a elle-même imaginée avec une crinoline de huit mètres de circonférence. L’atelier de Mademoiselle Annabelle, où travaillent Eglantine et Camille, a seulement trois jours pour la confectionner. Le résultat est à la hauteur des espérances de la comtesse puisqu’à l’issue de ce bal, elle devient la maitresse de l’Empereur durant deux ans.
Sept ans plus tard, des jeunes femmes sont retrouvées nues et égorgées dans la capitale. C’est le jeune inspecteur Dragan Vladeski qui est chargé de l’enquête. L’une d’elle est Camille. Jusqu’au jour où il repêche lui-même dans la Seine, le corps d’une femme revêtue de la robe de la comtesse de Castiglione qu’elle portait lors de ce fameux bal. La jeune noyée ressemble étrangement à celle-ci.
Mais est-ce bien la comtesse ? Pourquoi en voudrait-on à celle qui n’a plus les faveurs de l’Empereur ? En tout cas, l’assassin rôde.
Pour mener son enquête, Dragan Vladeski avec l’aide d’ Eglantine, entre alors dans le monde de la mode parisienne du Second Empire, bouleversé par l’arrivée de ce couturier irlandais, un certain Pierre-Louis WORTH qui n’hésite pas à inverser la tendance en proposant désormais ses modèles aux clientes non pas avec des poupées mais en faisant défiler ses « sosies », ces futurs mannequins.
Jean-Christophe DUCHON-DORIS nous plonge dans ce Paris éventré par les travaux d’Hausmann et de se belle écriture sensuelle, précise et foisonnante, n’hésite pas à nous perdre avec ravissement dans l’univers raffiné des crinolines, « des gaze de chine en soie bleue et autres volants en point d’Angleterre duvetés en marabout bleu ». A vos dictionnaires !
L’auteur s'appuie sur une documentation très fouillée et nous offre une belle manière de revoir une page d’histoire, en nous immergeant dans la vie du Second-Empire et en nous faiant découvrir des personnages qui ont réellement existé, non seulement la Castiglione, mais aussi le fameux photographe soupçonné aussi de meurtre dans ce livre, Pierre-Louis PIERSON, photographe de Napoléon III et le grand couturier WORTH. A vous d’aller vérifier !
Autre photo de la comtesse de Castiglione prise par Pierre-Louis PIERSON
( celle de la couverture en est une !)

"Virginia de Castiglione est à l'origine de quelques cinq cents prises de vues réalisées au cours d'une collaboration d'une quarantaine d'années (1856-1895) avec le photographe de la Cour impériale, Pierre - Louis Pierson (1822-1913). Contrairement à l'habitude, la comtesse détermine le costume, l'expression, le geste, allant jusqu'à imposer l'angle de prise de vue. A une époque où le genre de la photographie de mode n'existe pas encore, elle fait preuve d'originalité et d'invention. Elle trouve, à travers toutes sortes de mises en scène -des attitudes toujours imposantes ou gracieuses, parfois extravagantes, se distinguant ainsi des photographies des beautés d'alors. Elle baptise chaque cliché d'un nom parfois inspiré du théâtre ou de l'opéra contemporain. A une époque où le genre de la photographie de mode n'existe pas encore, elle fait preuve d'originalité et d'invention. La démarche artistique de la Castiglione, dans ses intentions et ses résultats, anticipe le travail d'artistes photographes d'aujourd'hui. " (Archive Musée d'Orsay, la Castiglione par elle-même).