Sofi OKSANEN / Purge
Sofi Oksanen, avec son look gothique et ses 33 ans, a raflé les grands prix littéraires finlandais et le prix Fémina étranger en France, avec son dernier roman « Purge ».
Dans ce livre , elle aborde l’histoire de l’Estonie, le pays de sa mère, entre les années 40 et les années 90 , sous l’occupation allemande puis soviétique jusqu’à l’indépendance en 1991 du pays qui reste marqué par les vagues de les déportations et la collectivisation des campagnes dès 1949.
Le roman commence par une page écrite en 1949 par Hans, un paysan estonien qui semble vivre dans un cagibi puis nous emmène tout de suite en 1992 en Estonie Occidentale.
Aliide est une vielile dame qui vit seule dans sa ferme. Elle essaie de se débarrasser d’une mouche à viande. En rajustant les rideaux, elle aperçoit un ballot sur le gazon; méfiante elle finit par s’en approcher. Elle découvre alors une fille dans un piteux état et malgré ses réticences,l'accueille chez elle.
La jeune femme raconte alors qu’elle s’est échappée, son mari l’aurait frappée. Aliide la soigne, lui donne un bain. Zara, la fille, vient de Vladivostok et parle l’estonien. De quoi intriguer Aliide. De plus, Zara a sur elle une photo qu’elle compte bien montrer tôt ou tard.
Mais pourquoi et comment Zara est-elle arrivée ici ?
L’auteur nous trimbale alors entre l’Estonie, Vladivostok et Berlin pour nous faire découvrir le passé terrible de ces deux femmes que deux générations séparent.
Mais qu’est-ce qui les lie vraiment ? Qui est ce Hans dont les écrits s’intercalent entre les périodes de la vie d’Aliide Tru qui a connu l’invasion allemande et soviétique et celle de Zara qui revient anéantie de son rêve fou de gagner des dollars en Allemagne et de porter des bas de soie ?
Dans cette maison où le danger demeure, ces femmes meurtries dans leur corps, chacune selon leur histoire ,se font face . Mais que sortira–t-il de cette rencontre ?
L’écriture de Sofi Oksanen est rude, crue ; ses descriptions précises nous heurtent parfois mais elle sait, dans les plus terribles moments, contourner l’insupportable de la cruauté.
Entre 1947 et 1992,Sifi Oksanen tisse un fil entre la souffrance de ces femmes entêtées, comme pour les sauver. A l'image de cette vieille main qui se tend sur la couverture du livre ?
En nous livrant leur vie saccagée, Sofi Oksanen leur redonne ainsi leur dignité,tout en préservant leur part de mystère qui lui , continue à nous poursuivre une fois le livre refermé.