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Jean-Marie LACLEVETINE

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23 juillet 2007 1 23 /07 /juillet /2007 16:42

On en a vu de toutes les couleurs


joied--crire.JPG     Serait-on en train de repeindre les murs de la bibliothèque ? Non, pas du tout. On n’est pas en train de se barbouiller non plus  mais plutôt de « s’écrire en couleurs ».
   Ah bon, direz-vous... Et si on précise que c’est la « sardine éblouie » * qui nous y a invité, peut-être commencerez-vous à vous poser quelques questions sur ce qui se passe réellement à la Bibliothèque de Messigny et Vantoux.
   Rien de grave, qu’on se rassure mais cependant quelque chose d’important se produit : la Bibliothèque a été en mesure d’offrir à ses lecteurs assidus, grâce aux subventions de la Bibliothèque Départementale de Prêt et de la Mairie, un atelier d’écriture de 5 séances.
    ATELIER D’ECRITURE. Le terme mérite qu’on s’arrête sur ses résonances qui nous mettent tantôt dans la position de l’apprenti se dépêtrant sur son établi pour donner forme au matériau qui lui résiste. Ou bien de celui de l’enfant, coudes étalés sur la table d’école, langue pendante, s’appliquant à faire les boucles ou le rectiligne parfait de je ne sais quelle lettre.

    C’est sans doute tout cela un atelier d’écriture. Notre chef d’atelier a fixé le thème : les couleurs, la source d’inspiration qui doit nous conduire à l’écriture. Une couleur par  séance. Histoire de bien prendre le temps de se mettre dans le bain tour à tour rouge, noir, bleu, jaune ou rose.
    Les couleurs. Des dictionnaires entiers leur sont consacrés, des peintres s’y sont perdus. Tout un monde que notre guide de ces samedis soirs d’hiver se charge de nous faire découvrir. On se laisse piloter, aller à la dérive. On s’insinue dans les racines rouges, bleues ou roses, on s’immerge, on explore les profondeurs, les nuances, les appellations, la symbolique. On découvre même que chaque couleur évolue au fil du temps, que chacun  d’entre nous a sa couleur, voire même la phobie de l’une d’entre elle. Vous aimez le rouge ? Ah ! moi je déteste, je préfère le bleu. Allez savoir pourquoi. Chacun ses goûts, chacun ses couleurs... question de sensibilité ou bien d’autres choses encore qui nous échappent.

    Une fois que l’on aura été bien imprégné de la couleur du jour, la consigne tombe. Lors de certains ateliers, on devra faire sa propre liste : où est-ce que notre rouge et notre bleu vont se loger en nous, dans nos images, notre intérieur, nos souvenirs ? Une liste rien que pour soi, dans laquelle on viendra y puiser les éléments de nos prochains écrits. Les textes suivants sont à lire à haute voix, autre exercice, autre défi tempéré par la règle rappelée mais évidente de ne pas juger.

    Ecrire cette fois en 15, 20 ou 30 minutes, c’est selon . Et c’est là parfois qu’on change de couleur ! Devant l’exercice demandé, c’est le trou noir, on voit rouge, on rit jaune, l’angoisse de la page blanche pointe. Déconcerté, on voit défiler devant nos yeux toutes les couleurs de l’arc-en-ciel. Non, mais qu’est-ce qu’on va pouvoir sortir dans cette exhortation à écrire un peu de soi, à sortir de soi en écrivant une fiction. «Faire son auto-portrait au rouge...»  ou bien «Devant la photo de la porte rouge, écrire le début d’une histoire...» Et les choses n’ont pas l’air de s’arranger au fil des ateliers pour les apprentis écrivains que nous sommes, quand il s’agit de s’enfermer dans le noir pour mieux explorer nos sensations. Pire encore : dites nous voir pourquoi le jaune d’œuf est jaune. Et l’apothéose ! Après avoir décrit ce qui s’est passé le jour où on s’est réveillé bleu, il nous faut alors imaginer ce qui a précédé l’insonore bleu des nostalgies... L’air déconfit devant la consigne, lui, n’a pas de couleur.
    Des répits semblent être accordés quand la couleur jaune vient illuminer l’inspiration pour décrire un dessin d’enfant ou lors du dernier atelier consacré au rose, la douceur des consignes nous invite alors à offrir des roses ou rédiger le début d’un conte d’enfant... pour, quelques instants après, se sentir à nouveau déstabilisé quand il est demandé d’écrire comme une litanie, la suite de «j’aime tes lèvres roses quand...». Mais jusqu’où nous fera-t-on aller ?

    Dans ces moments de sidération, les sentiments s’emberlificotent : qu’est-ce que je suis venue faire dans cette galère ? Où vais-je ? Qu’est-ce que j’en ai à fiche du jaune de l’œuf ou de l’insonore bleu des nostalgies ? Soudain, magie de l’inspiration. Un mot jaillit. Une idée prend forme. Le fil se déroule, se coince, se casse parfois ou alors se renoue. Une phrase venue, on ne sait d’où, s’écoule sous le stylo qui se met à courir sur la page sous notre regard amusé, sidéré, dans la totale ignorance de la phrase qui pourra suivre. En tirant sur le fil, une pelote s’est déroulée, teintée de rouge, de noir, de bleu... la page s’est noircie, le miracle s’est produit. Ou pas, c’est selon la consigne ou la couleur qui aura résonné bizarrement en nous, nous laissant parfois seul devant le vide de la page qui a pris la forme d’un trou noir, dû parfois peut-être aussi à trop d’idées impossibles à démêler.

    Dernier exercice. On annonce la couleur en lisant chacun notre texte, parfois hésitant à se lancer. Les univers se dévoilent, les sensibilités se révèlent, chacun a ses mots pour dire le noir, le bleu, le jaune, le rose. Dans cette confrontation à la couleur, selon qu’on l’aura apprivoisée, faite sienne ou pas, qu’on s’y délecte ou qu’on la repousse, toutes sortes de sentiments, de sensations, d’émotions émergent. Chacun sa couleur, son style, ses mots fétiches, ses pirouettes. Le ton est grave, mesuré, léger. La plume prolixe, concise, précise. Les couleurs prennent vie, se teintent d’un éclairage propre à la perception de chacun des participants, se déclinent dans toutes les nuances dans un silence respectueux, voire religieux. Le plaisir d’écrire et de partager, palpable dès le début s’impose au fil des ateliers.  Le texte fait écho ; les auditeurs attentifs, médusés manifestent leur admiration «Ah c’est beau », «j’ai bien aimé quand tu as écrit...». Petite vérification finale : la consigne a-t-elle été bien respectée, est-on bien resté dans le cadre ?

    Ce n’est sans doute pas par hasard que notre maître d’œuvres littéraires a commencé par le rouge. En nous encourageant à franchir la ligne rouge, à passer les bornes, ne nous invite-t-il pas implicitement à bousculer notre timidité, à secouer nos croyances ancrées «on ne sait pas écrire !» , «on ne va pas y arriver !»,  à s’autoriser à dépasser nos limites, à découvrir les zones inexplorées de notre créativité ?

    Notre conducteur de travaux d’écriture se révèle immédiatement un maïeuticien hors pair. Avec sa méthode socratique inavouée, il a l’art de nous faire accoucher de textes qui ont l’air de surprendre leur auteur en premier.

    Alors c’n’était pas possible de faire son auto-portrait, d’explorer les taches noires qui se répandent tel un test de Rorschach, d’éteindre une à une les lettres du jour, d’imaginer un récit autour de la fourgonnette jaune de la poste  ou d’exprimer sa sensualité sur  le rose de tes lèvres ?

    Mais si, ça a été possible.

    Alors lisez le recueil de ces textes, car de tous ces écrits, on en a fait un ouvrage collectif que vous pouvez découvrir directement ici, ou dans ce blog en allant dans la rubrique située sur la gauche de la page, intitulée "liens utiles" et en cliquant dans "atelier d'écriture".
     Et surtout, tentez l’expérience si un jour elle se présente à vous...

* association créée par Philippe ANGINOT, animateur de l’atelier d’écriture.
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