Jaume CABRE / CONFITEOR
La bloggeuse a le trac. Comment évoquer cette œuvre impressionnante de 771 pages dans une si petite rubrique ?
Il y a des livres qui, comme le dit l’un des personnages de ce roman « ont la capacité de fasciner le lecteur : de le faire s’émerveiller de l’intelligence qui se trouve dans le livre qu’il relit ou de la beauté qu’il génère ». Celui de Jaume CABRE est de ceux-là.
Dans ce livre s’entremêlent de multiples histoires qui déroulent, telles les tables gigognes, d’autres histoires. Mais il s’agit d’abord du récit de la vie d’Adria ARDEVOL que celui –ci écrit sur le verso de pages dont l’autre face comporte une étude qu’il rédige sur l’histoire du mal. La mémoire d’Adria commence à défaillir. Alors il y a comme une urgence pour lui à s’adresser à Sara, la jeune femme à qui il a voué une grande passion et à laquelle il veut confier ses succès, ses erreurs, ses peurs, ses lâchetés et tous ces sentiments complexes qu’il porte à ses parents. C’est à son seul ami de toujours, Bernat Plensa, qu’il a demandé de dactylographier ces pages manuscrites.
Adria Ardevol est un enfant prodige. Son père veut faire de lui un humaniste parlant 10 langues dont l’araméen, et sa mère un virtuose du violon. Mais Adria ne veut pas du destin tout tracé par ses deux parents intéressés uniquement par son intelligence.
Adria vit dans une maison sans amour, entouré de vieux objets, de manuscrits anciens, d’un petit tableau représentant un monastère et surtout d’un violon. Et pas n’importe lequel. Un STORIONI appelé VIAL et fabriqué en 1764. Adria qui étudie le violon avec son ami Bernat n’a surtout pas le droit de le toucher. Et pourtant, il prête ce violon à son ami le jour où son père meurt dans d’étranges conditions. Ce geste le hantera toute sa vie.
C’est là que l’histoire d’Adria se mêle étrangement à celle de ce violon dont l’étui porte une tache de sang. Des meurtres ont marqué son histoire qui traverse les époques allant de l’inquisition à la barbarie nazie, nous amenant à rejoindre les pages recto du manuscrit d’Adria. Car le livre de Jaume CABRE est écrit aussi pour nous amener à réfléchir sur la question du mal.
Rien de linéaire dans ce récit de la vie d’Adria, fait de méandres comme si l’on suivait le cours de sa pensée de plus en plus envahie par la maladie d’Alzheimer, où l’on passe du je au il, où l’on glisse subrepticement d’une époque à l’autre, en se demandant si l’on n’a pas raté une ligne, une page. Ce livre est des plus exigeants pour nous, lecteur. Il nous demande beaucoup d’attention et de concentration et la bloggeuse conseille de se faire des petites fiches pour suivre le fil de toutes ces histoires qui le composent.
Comment l’auteur parvient –il,dans cet ouvrage impressionnant par son érudition, à nous intéresser à la vie d'un petit génie ? Ce surdoué qui ne veut pas, comme il nous le dit, « prendre le chemin de la perfection, faire un métier qui n’admet pas l’erreur ou l’hésitation », se révèle vite un être des plus attachants et des plus humains quand il se dévoile justement dans toutes ses imperfections ainsi que dans cette quête d’amour et d'amitié .
Allez, faites un effort car il en faut, et plongez-vous vite dans ce livre UNIQUE qui comporte des pages très émouvantes et qui donne le sentiment, une fois lu, de s’être considérablement enrichi. De quoi ? A chacun d'entre vous de le découvrir.