La bloggeuse ( pas de diamants) et le préposé informatique
Dès qu’un texte est publié, il est averti puisqu’il s’est inscrit le premier à la Newsletter. Il a le code d’accès qui lui permet d’aller de l’autre côté, dans l’arrière-fond, de passer derrière le texte ou les images, pour aller se mettre dans les traces que l’auteure du texte, la bloggeuse en question, a laissées.
Il traduit la page en langage informatique compréhensible qu’à lui seul. Il a bien essayé de l’initier :
– Tu sais ce que veut dire : <font size= "5 "face = "comic sans MS" >Charlie Chaplin</font>hr width =100%"size= "2"> ?
– Euh ! dit-elle, déconfite devant ces hiéroglyphes obscurs, elle ne veut surtout pas avoir à jouer les Champollion.
Plongé dans sa topographie cabalistique, c’est là qu’il traque le mieux les bugs, les erreurs. Il passe tout au peigne fin, il scrute, il détecte, il corrige les fautes, il s’agace des points de suspension qu’elle met à profusion :
– Mais pourquoi tu mets 4 ou 5 points de suspension. 3, ça suffit !
– Parce que je ne les vois pas à l’écran.
– T’as qu’à changer de lunettes !
Il met en valeur, en italique, en gras.
Il lui laisse des consignes « tu devrais » ou «tu pourrais » « il faut ». Mais il sait bien au fond de lui qu’elle n’en fait qu’à sa tête.
Il lui fait des propositions. Elle réfléchit. Elle donne sa réponse plus tard. Elle sait ce qu’elle veut et il le sait :
– Tu ne serais pas un peu…
– Exigeante oui et perfectionniste aussi lui répond-elle !
Elle donne aussi ses consignes dans des mails qu’elle lui envoie impérativement.
– Pour les haïkus, tu peux centrer le dessin avec le texte à côté ?
Aussitôt demandé, aussitôt fait.
Rien ne lui échappe. Un sigle est laissé sans sa déclinaison dans la chronique du désherbage. Il lui laisse un commentaire en bas du texte : « peut-on savoir ce que signifie l’acronyme BPI ? Merci de votre prompte réponse ». Eh bien non, elle ne le sait pas, sinon elle l’aurait écrit.
La présentation du blog, c’est lui. La première version, il la trouvait trop foncée, pas assez attractive. Il a tout transformé dans une bouillie informatique indigeste pour nous offrir une autre formule qui a plus d’allure, donne plus de clarté à l’ensemble. Elle voulait telle couleur et il lui a construit un prototype qui lui a convenu au premier regard. Ouf ! a-t-il du se dire , s'attendant sans doute à de multiples retouches .
Il pense avant tout aux lecteurs, soucieux de leur rendre la lecture confortable. Pour eux, il élargit le texte qui s’étale nettement sur l’écran.
– Mets la même police de caractère. Mets le en Comic, c’est plus lisible, moins fatigant à lire.
Il est drôle, lui. C’est vrai qu’elle aurait tendance à multiplier les couleurs, à différencier les polices selon les rubriques, à restreindre les encarts.
Elle finit par l’écouter. Elle s’exécute. D’ailleurs, elle ne met plus d’espace avant la virgule, ni de points de suspension à tout va. Vous pouvez vérifier.
Un jour, dans over-blog, elle fait ses propres corrections. Quand elle vérifie la publication dans le blog, le texte apparaît dans une autre forme, avec des retraits, des espaces, des italiques qu’elle n’a jamais mis. Qu’est-ce qui se passe ? Y a-t-il un virus ? Elle lui en parle deux heures plus tard et s’entend dire :
– J’étais ce matin sur le blog et les modifications que je faisais disparaissaient aussitôt. Je comprends pourquoi maintenant !!!
– Ah c’est toi le virus ! Faudra qu’on se le dise quand on « blogge » chacun de notre côté et que tu repasses derrière quand je modifie les textes !
Dès qu’ elle se met sur le blog, elle voit bien qu’il est passé par là, quand elle découvre le compteur qui permet de connaître le nombre de lecteurs, la petite phrase en bas de page qui vous arrête dans votre élan et qui vous dit « Vous ne pouvez pas descendre plus bas . Il va falloir remonter. »
L’écriture du titre du blog, c’est lui. Comment a-t-il fait ? Allez savoir.
La photo rafistolée de la bibliothèque en entier, c’est lui.
Le petit livre ouvert avec le nom du village, les petits tracés rouges en pointillé autour des rubriques, tous ces petits fignolages délicats, c’est lui. Bravo, l’artiste.
Sans lui, la bloggeuse est perdue.
Sans lui, le blog de la Bibliothèque de Messigny et Vantoux n’existerait pas.