Ce mot savoureux qui, dès qu’on le prononce, vous dilate les pupilles, vous titille les papilles gustatives et dès qu’on le savoure, vous fait pousser des soupirs d’aise…Mmmmmm !
- Mais comment vous avez fait pour faire venir Monsieur CARBILLET, de son prénom ALEXANDRE, à la bibliothèque de Messigny et Vantoux ?
- C’est simple, une de nos bénévoles passait un jour par la Rue des Forges, s’est arrêtée dans le magasin et a demandé à Monsieur Carbillet s’il accepterait de venir nous parler du chocolat à la Bibliothèque car on avait très envie de faire une expo sur le sujet. Et il a accepté !
Il suffisait d’y penser. C'est vrai qu'on pense pas mal à la bibliothèque de Messigny et Vantoux!
C’est ainsi que notre grand chocolatier réputé sur la Place de Dijon s’est rendu à la bibliothèque Messigny et Vantoux avec sa petite camionnette d’où il a sorti des moules en inox, en plastic et même un en argent , ses cabosses, ses fèves de cacao et ses petites fritures , ( c’est bientôt Pâques, ne l’oublions pas ), ses posters et son diaporama.
On aurait pu se croire dans un remake du film "Chocolat" de Lasse Hallström tiré du livre de Joanne Harris (il est à la bibliothèque !). Dès qu'un maitre ès chcolat débarque quelque part dans un village, tout le monde est en émoi.
- Quel rapport entre le chocolat et la bibliothèque nous demande –t-on au cours de l’après-midi ?
- Ah mais c’est que toutes les bénévoles aiment le chocolat !
- Oui mais il y a aussi tous ces livres qui lui sont consacrés, regardez tous ceux rassemblés sur les grilles d’exposition….
Elles ont fait fort, nos bénévoles. Déjà la décoration. Des petites fleurs en tissu couleur chocolat ou blanc donnent le ton, ornant les murs garnis de citations ou s’accrochant au caraco blanc de nos bénévoles transformées en fées-chocolat. Et notre homme, on va encore dire ? Lui aussi a sa petite fleur à la boutonnière.
Dès votre arrivée, deux d’entre elles vous accueillent
derrière une table dressée avec une nappe en tissu non tissé couleur chocolat, digne d’un repas de mariage. Elles vous tendent un gobelet rempli d’un breuvage onctueux qui peut laisser à votre insu sa mousse sur vos lèvres avides et gourmandes.
Plus loin, là où habituellement vous déposez vos livres, pas question d’échanger les dernières nouveautés, les seuls échanges autorisés contre quelques euros sont les sachets de friture ou autres œufs de Pâques exquis apportés par notre chocolatier. De là, si vous levez la tête, vous apercevez le diaporama.
Et si vous jouez un peu des coudes car les visiteurs sont nombreux , un peu plus loin au fond de la salle,vous parvenez enfin à notre grand maître chocolatier qui a mis sur la table, sous votre nez,au milieu de son petit matériel d’exposition. une énorme tablette de chocolat de 2 kilos. Il a revêtu pour la circonstance sa tenue d’artisan ; sa veste noire comme son chocolat se détache étrangement à certains moments du jaune éclatant des forsythias qui font exploser leur couleur favorite derrière les vitres des portes –fenêtres entre-ouvertes.
Monsieur Carbillet raconte, il nous parle passionnément du chocolat, nous évoque tout d’abord son histoire. Découvert par un Christophe Colomb qui ne s’y est même pas intéressé, Cortès lui, le fait découvrir à la Cour d’Espagne. Plus tard, il apparaît à la Cour de France (grâce à Anne d’Autriche, fille du roi d’Espagne qui se mariera avec Louis XIII) .
Puis monsieur Carbillet nous fait faire un petit tour du monde en nous énumérant les pays producteurs de cacao. Partant du Mexique ou du Venezuela, il nous conduit vers la Côte d’Ivoire qui reste le 1er producteur mondial, au Ghana pour finir en Indonésie dont les fèves exportées provoquent quelques remous dans les cours.
Il nous emmène ensuite dans les subtilités des secrets de la fabrication du chocolat, nous faisant franchir une à une toutes les étapes de sa transformation à partir du cacaoyer.
L’écabossage qui, d’un coup de gourdin, ouvre la cabosse, permet de récupérer les graines de cacao. Celles-ci tour à tour fermentées, séchées, concassées, torréfiées, broyées, pressées, malaxées,sont transformées en pâte de cacao ( c’est le 100% qui sert en pâtisserie et qui n'est pas le meilleur figurez-vous !) puis en beurre ou en poudre de cacao.
Soumises ensuite au conchage qui consiste à brasser dans des cuves entre 4 à 60 heures, le chocolat pour le rendre plus lisse et affiner son parfum , elles vont devoir subir aussi le tempérage et enfin le moulage ou l‘enrobage !
Ah que ces termes d’un autre âge résonnent doucement à nos oreilles car ils rappellent des opérations ancestrales qui nécessitent encore à ce jour du matériel datant de la fin du XIX ème ou du début du XX ème siècle ! Elles nous parlent aussi de savoir-faire précis, d’un art complexe où le soleil sur les graines, les oscillations de la température et le temps consacré aux différentes opérations font la magie des arômes.
Pas question de faire soi-même son chocolat, même si on se dit que pour obtenir le chocolat, il suffit d’ajouter à la pâte de cacao du sucre ,du beurre de cacao, un émulsifiant et d’autres ingrédients.
Mais savez-vous que le chocolat est généreux ? Lors de sa transformation, il laisse le mucilage au bétail et propose son tourteau (qui, broyé lors du pressage, donne la poudre de cacao) à la pharmacopée, aux cosmétiques, voire même aux suppositoires !
- Qu’est-ce qu’ils ont de particulier leurs chocolats ?
- Tout est affaire de techniques qu’on aurait améliorées dans ces pays , le chocolat au lait est né en Suisse , le chocolat en poudre en Hollande et les Belges se distinguent par un type de bonbons de 18 à 20 g et beaucoup plus gras……
- Un jour, j’en ai mangé que j’ai trouvé très acide !
- Ah ça doit être un mexicain !
- Et puis pourquoi il blanchit le chocolat noir ?
Voilà qu’on aborde la question de sa conservation :
- Evitez de mettre le chocolat au frigo nous dit monsieur Carbillet car l’ennemie du chocolat, c’est l’humidité qui attaque le sucre et celui-ci ressort à la surface sous forme de petits points blancs qui ne nous donnent plus envie de le manger !
- Et pour faire fondre le chocolat, comment faut-il s’y prendre ?
- Une seule formule : 55° / 27° /31° et tout cela au bain-marie. Et en plus, elle diffère selon qu'il est noir, blanc ou au lait.
Incompréhensible ?
Non mais on ne va pas quand même pas tout vous dévoiler ! Fallait venir car monsieur Carbillet nous a révélé un tas d’autres petits secrets qu’il n’est pas possible de retranscrire ici complètement, comme par exemple celui qui nous permet d'éviter les petites bulles lors du moulage.
Pendant que Monsieur Carbillet donne gentiment toutes ces explications, les fées -chocolat circulent avec des plats recouverts de petits macarons délicieux qu’elles ont confectionnés elles-mêmes (elles vous ont même laissé les recettes sur le coin de la table et celles-ci vous sont proposées dans la chronique 18 (bis), pour les offrir gracieusement aux auditeurs attentifs qui peuvent ainsi apprécier les saveurs du chocolat en même temps qu’ils en découvrent les mystères.
Elles ont fait fort, vraiment, ces bénévoles. Elles ont pensé à tout. Craquantes, non ?
- Alors vous avez eu du monde ?
- Sachant que dans la corbeille on a retrouvé 80 gobelets de chocolat, sachant que tout le monde n’en a pas bu, allez, à la louche (de chocolat évidemment), on va dire une centaine de visiteurs ! Même des gens qu’on n’a jamais vus à la Bibliothèque sont venus ! Même des gens se prêtent aussi à l'exercice de donner d’autres idées du même ordre, tellement ils sont contents.
Euh ... Peut-être pas tout de suite ! pensent très fort, tout bas tous (tes) les bénévoles en même temps...ils n'ont pas l'air de se douter de l'énergie et du temps qu'il faut pour les organiser ces expos !
- Alors un succès ?
- Oui, on peut le dire!
- On peut dire aussi UN GRAND MERCI à Monsieur Carbillet qui, avec beaucoup de disponibilité, de gentillesse et de pédagogie, nous a parlé passionnément du chocolat à nous en faire encore saliver.